ad-dicere propose un espace de réflexion intime où vidéo, photographie et expérience immersive se rencontrent. À travers trois œuvres en dialogue, je cherche à recréer des lieux de mémoire et de survie : un abri rudimentaire où des objets choisis suggèrent ce qui peut offrir un semblant de réconfort; un vieux téléviseur, vestige d’une vie passée, diffuse la lettre d’une grande sœur à son petit frère vivant dans la rue, d’une beauté brute et lucide; un canevas d’enfances qui s’entrecroisent et se disloquent sous le poids de la dépendance; puis, le quotidien apaisé d’un musicien ayant retrouvé sa voie au cœur d’un archipel ouvert sur l’horizon. Les installations, pensées à échelle humaine, font appel à la présence, à l’écoute et à la contemplation. Je vous invite à entrer dans ces fragments de vie, à vous laisser porter par les images, les silences, les paysages — à écouter, à ressentir, à reconnaître.
Fruit d’un long travail de terrain et d’une démarche profondément personnelle, ce projet prend en compte une diversité de points de vue pour raconter les silences, les tensions et l’amour qui subsistent autour des personnes aux prises avec la toxicomanie. Il m’a permis de remettre en question mes jugements et d’inviter le public à faire de même. Comment éviter de réduire une personne en situation de dépendance à cette seule facette de son identité? Pourquoi deux enfants issus d’un même milieu empruntent-ils des chemins si différents — qu’est-ce qui pousse l’un à se réfugier dans la consommation alors que l’autre y échappe? Et parmi ceux qui s’en sortent, quels rôles les proches ont-ils joué?
Soutien, catalyseur ou obstacle : leur présence peut être déterminante dans le parcours vers la guérison.
Je tiens à souligner la contribution de l’organisme Point de Rue, qui m’a permis de rencontrer plusieurs personnes ayant vécu la dépendance ou travaillant auprès de cette population, ainsi que toutes celles et ceux qui ont partagé une parcelle de leur histoire, une photo ou un objet, contribuant à la réalisation de ce projet.
Biographie
Après l’obtention d’un baccalauréat en communication (profil cinéma) à l’UQÀM, je me suis impliquée dans le mouvement Kino, fondé à Montréal en 1999, où j'ai réalisé une vingtaine de courts métrages, dont plusieurs ont été diffusés en festivals. Bien que j’aie ensuite pris un virage vers la gestion dans le secteur culturel et fondé ma boîte de distribution de courts métrages en 2007 ‑ Travelling, les films qui voyagent ‑ le cinéma documentaire est resté mon mode d'expression privilégié. Mon approche humaniste et empathique me permet de tisser des liens intimes avec mes sujets, donnant une profondeur particulière à mes œuvres. J'ai exploré ce genre en tant que réalisatrice, formatrice au Wapikoni mobile, productrice et coordonnatrice de production pour des projets variés. Mon travail s'est toujours concentré sur les personnes marginalisées, celles dont les voix sont peu entendues. En 2023, je renoue avec la création en mêlant ma pratique documentaire à l'installation in situ dans le cadre d'un projet de recherche qui explore, à travers le regard des proches, les répercussions silencieuses de la dépendance.
Catherine Thériault
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