Galerie d’art
du parc
Art actuel ‑ Trois-Rivières

Doublure

Les œuvres de l’artiste Nathalie Vanderveken mélangent le dessin, l’assemblage et l’installation. Ceux-ci ont un côté sculptural très présent, que ce soit dans l’idée du plan, ou dans les patrons de coutures remodelés accrochés au mur par des épingles de coutures.

Les vêtements, déformés, nous laissent l’impression d’une entité étrange les habitant. De plus, l’ensemble est léger et semble flotter dans l’espace, créant ainsi une atmosphère particulière.

Votre vie et votre travail
de création sont-ils liés ?
Si oui, dans quelle mesure?

N.V. : Il est impossible pour moi de faire une coupure entre les deux. Il a toujours un lien fort qui existe. À travers mon travail je transmets une vision du monde qui m’est propre. Je la communique de manière abstraite et j’y aborde des sentiments que je n’arrive pas à exprimer en mots, alors je le fais dans ma création.

Qu’est-ce qui
influence votre création ?

N.V. : Il y a énormément de choses qui m’intéressent et qui, inévitablement, influencent mon travail, comme la philosophie. Par contre, pour l’exposition à la GAP, je me suis intéressée plus particulièrement à l’architecture et au vêtement. Je crois que c’est la relation entre les deux qui est fascinante. De plus, il y a deux designers de mode, Martin Margiela et Rei Kawakubo, qui utilisent le déconstructiviste comme exprimer leurs idées et dont leurs recherches viennent rejoindre les miennes.


Quel est le point de départ d’une œuvre ?

N.V. : Au commencement, il y a les patrons de couture. Souvent j’ouvre un patron et j’observe la forme. C’est alors que le dessin intervient pour transformer les patrons. Pour ce qui est des assemblages, même ceux-ci découlent du dessin. Ce que j’aime faire, c’est utiliser les codes et les symboles qui servent au montage du patron pour me les approprier afin de créer mon propre langage plastique. Je m’intéresse à la forme, à la ligne, au tracé, au plan. Quand je commence une œuvre, je ne sais jamais quel sera le résultat.


D’où vient cet intérêt
pour les patrons de couture ?

N.V. : Il est apparu par une succession de hasards. Le vêtement était présent dans mes estampes et venait modifier le corps des personnages. Ensuite, à la maîtrise, j’ai exploré davantage le textile où je décousais et réassemblais des vêtements de manière inusitée. Puis, un jour, je suis tombée sur un patron. La forme en soi est magnifique, alors le désir de mixer le patron et le papier, vestige de mon travail en estampe, est soudainement apparu. Leur utilisation me porte à me questionner comment un vêtement peut venir définir, présenter ou normaliser un corps.


Votre parcours artistique a débuté avec l’estampe, mais nous n’en retrouvons plus dans cette exposition. Pourquoi ce détachement ?

N.V. : Utiliser le patron et le dessin m’offre moins de contrôle. L’estampe est un processus de travail très long, chargé de procédés plutôt stricts. J’avais un besoin de liberté. Ce qui me plait, c’est qu’à présent le processus de création fait l’œuvre. Je vais probablement refaire de la gravure dans ma vie, mais pour l’instant je profite de cet état où j’exerce un contrôle moins grand sur la finalité. Je laisse place à la spontanéité pour faire vivre l’œuvre.


Dans la dernière salle, une installation prend place dans l’espace. Est-ce que votre œuvre a été pensée de manière in situ ?

N.V. : L’œuvre a effectivement été pensée pour l’espace. Ça faisait longtemps que le désir d’exposer une œuvre en expansion m’habitait et je n’avais pas encore eu la chance d’exploiter cette idée, jusqu’à ce que j’obtienne l’exposition à la GAP. Ce sont deux vêtements connectés ensemble et je crois que cela rajoute à mon propos et viens appuyer les autres œuvres. Le résultat me plait beaucoup, ce sera peut-être une voie à suivre pour l’avenir…


Vous travaillez souvent
avec l’inachevé. Comment
cette notion est-elle traduite dans l’exposition à la GAP ?

N.V. : J’espère que les visiteurs découvriront un processus en cours et des expérimentations, plutôt qu’une finalité. J’exprime plusieurs concepts dans mes œuvres, mais je crois que le côté formel a aussi sa place et celui-ci est en quête d’identité. L’inachevé est un état qui me plait puisqu’il me pousse à transformer les patrons qui deviennent des vêtements déconstruits, mais parfois j’y découvre de liens avec des plans, des réseaux routiers et des machines.


Le monochrome prend
place dans la GAP à travers
vos créations. Comment l’utilisez-vous pour exprimer
vos idées ?

N.V. : J’essaie de mettre de l’avant le dessin. Même si parfois j’utilise des papiers avec des motifs et des textures, le dessin est l’acteur principal. C’est ce qui détermine les assemblages et je tiens à ce qu’on remarque les traits de crayons. De plus, les papiers blancs et les tons de crème apportent une touche minimaliste qui me plait. Finalement, le monochrome fait un lien avec les plans industriels, que ce soit en dessin ou en assemblage.

Texte & photos de Caroline Champoux

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